Chaire Innovation et Entrepreneuriat social : Jérôme Schatzman remet un rapport sur l’innovation sociale

15.7.2020

Jérôme Schatzman a remis le 24 juin dernier un rapport baptisé “Financer l’innovation sociale” à Christo…

Jérôme Schatzman a remis le 24 juin dernier un rapport baptisé “Financer l’innovation sociale” à Christophe Itier, Haut-Commissaire à l'Économie sociale et solidaire et à l’Innovation sociale. Sur demande de ce dernier, le directeur exécutif de la chaire Innovation et Entrepreneuriat social de l’ESSEC Business School a animé pendant 6 mois un groupe de travail à l’origine de 21 propositions pour développer l’innovation sociale. Il revient sur cette mission passionnante.

 Comment avez-vous été amené à travailler sur ce rapport ?

C’est une proposition émanant directement de Christophe Itier, Haut-Commissaire à l’Économie sociale et solidaire et à l’Innovation sociale. Il a pensé que j’étais bien placé pour animer ce groupe de travail, et m’a demandé si ça m’intéressait de travailler sur ce sujet. La chaire Innovation et Entrepreneuriat social de l’ESSEC Business School existe depuis 18 ans, cela nous donne une certaine légitimité. Nous avons un poste d’observation et d’analyse, qui fait que nous sommes dans notre rôle pour mener ce genre de travaux en s’appuyant sur notre réseau et nos partenaires. Cela nous permet aussi de rencontrer encore des nouveaux acteurs, en particulier à l’étranger. L’ESSEC réaffirme ainsi son intérêt et sa position de leader sur les enjeux d’innovation sociale et d'entrepreneuriat social, et plus généralement de transition écologique et solidaire.

Comment avez-vous préparé ce rapport ?

C’est avant tout un travail collégial. J’ai constitué un groupe de travail de 27 personnes, respectant la parité homme-femme, et nous avons interviewé au total plus de 80 personnes. L’idée c’était d’avoir un groupe et des interlocuteurs représentatifs de l’ensemble de la chaîne de l’innovation sociale : des porteurs de projets, des porteurs d’innovation sociale, des financeurs et des investisseurs, des observateurs, en France comme à l’étranger pour s’inspirer largement. 

Quelles sont vos conclusions ?

En allant voir à l’étranger, nous nous sommes dit que notre système de financement de l'innovation sociale en france était tout à fait correct. Ca fait du bien de le dire et de le remarquer ! En revanche, nous avons noté que les différents acteurs ne se connaissent pas forcément, ou ne parle pas vraiment le même langage. Il y a donc un premier besoin majeur : connecter les acteurs de l’innovation sociale.

Un deuxième point que nous soulevons, c’est qu’il existe des outils de financement dont tout le monde ne sait pas se servir. Il faut donc mettre en place de la formation, de l’accompagnement pour que les acteurs de l’innovation sociale sachent frapper aux bonnes portes pour obtenir des financements, et que les financeurs sachent financer l’innovation sociale, moins classique que l’innovation technologique.

Troisième point, le “thermomètre” est obsolète, si la comptabilité reste uniquement axée sur le résultat économique, on ne changera pas la donne. Le développement durable, c'est l’idée qu’il y a trois comptes de résultat : économique, social et environnemental. Si on reste uniquement fixé sur le premier, on ne changera rien.  Une proposition phare, c’est donc de développer la culture de la mesure d’impact social. C’est un élément constitutif d’un langage commun.

Quelles sont les idées les plus emblématiques que vous proposez  ?

Il y a différents niveaux de propositions, allant des plus simples et rapides à mettre en place, aux plus importantes en terme de ressources, de moyens et de changements de réglementation. 

Très rapidement, il pourrait par exemple y avoir la création d’une cartographie vivante des acteurs de l’innovation sociale et un dispositif d’accompagnement renforcé pour aller chercher des financements européens. Nous proposons également de créer un statut de jeune association innovante, à l’instar des jeunes entreprises innovantes, mais également la création d’un fonds capitalisé, qui servirait à financer sur le long terme des projets d’innovation sociale grâce aux intérêts générés. Cela existe dans d’autres pays, et cela fonctionne très bien.

Est-ce que les crises sanitaire et économique actuelles ont un impact sur l’innovation sociale ?

Cela rend les questions d’innovation sociale toujours plus d’actualité. Les besoins sociaux vont être encore plus criants dans les prochains mois. Investir dans de l’innovation et de la recherche, c’est investir dans le futur, c’est se renforcer. Il va y avoir un plan de relance, avec des moyens forcément importants. Nous pensons que nos propositions pourraient s’intégrer parfaitement dans ce plan attendu pour la fin de l’été.  Les propositions sont sur la table, des acteurs privés peuvent aussi s’en emparer. 

Consultez le rapport "Financer l'innovation sociale"

A propos de Jérôme Schatzman

Diplômé de l’ESSEC (94) et de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, Jérôme Schatzman est spécialiste des questions d’innovation et d’entrepreneuriat social, de développement durable, de RSE, et de mécénat. Il a été pendant 6 ans directeur de l’entreprise d’insertion La Table de Cana, et a ensuite fondé TUDO BOM, une marque de prêt-à-porter biologique et équitable diffusant l’optimisme carioca. De 2008 à 2016, il supervise la philanthropie pour le Groupe l’Occitane puis occupe le poste de Directeur du Développement Durable. Depuis Septembre 2016, il est Directeur Exécutif de la Chaire innovation et entrepreneuriat Social de l’ESSEC et de l’accélérateur Antropia Essec. Co-fondateur du fonds d’investissement d’impact « Investir & + » et de l’accélérateur d’optimisme « Marseille Solutions », il est aussi président de l’entreprise d’insertion « Marguerite ».  

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