Une expertise au service de l’impact social
Depuis plus de 20 ans, l’ESSEC s’engage dans l’ évaluation de l’impact social, par le biais de son laboratoire = E&MISE, dirigé par le Professeur Bernard Leca. La collaboration avec la FFBad s’inscrit dans cette lignée, visant à évaluer les effets des actions menées par la fédération pour promouvoir l’inclusion sociale par le sport. "La volonté politique d’inclusion sociale est au cœur de cette mission," précise Murielle Chauvel. "Nous voulons déterminer si les initiatives mises en place atteignent réellement les impacts escomptés."
Première étape : analyse qualitative et engagement des parties prenantes
La première phase de la mission consistait en une étude qualitative approfondie. Cela impliquait de comprendre les parties prenantes, d’analyser les flux d’activités, et de décrypter les modalités d’organisation des clubs et comités de la fédération. "Nous avons organisé des ateliers d'intelligence collective pour poser ensemble la chaîne de valeur de la fédération," explique Murielle Chauvel. "Ces ateliers, combinés à des interviews et à des webinaires, ont permis de fédérer les acteurs autour de cette démarche."
Un comité de pilotage a été mis en place pour animer cette dynamique, impliquant directement les responsables de clubs et les autres parties prenantes. Cette phase initiale a rencontré des défis, notamment en termes d’implication des parties prenantes, mais a finalement abouti à une véritable prise de conscience et à une mobilisation des acteurs concernés.
Création d’indicateurs et évaluation sur le terrain
La suite de la mission a consisté à développer des indicateurs d’impact spécifiques, transformés en questionnaires adaptés à quatre différentes typologies de publics : licenciés, personnes âgées, jeunes en quartiers sensibles, scolaires, et personnes en situation de handicap. Ces questionnaires, diffusés entre décembre 2023 et janvier 2024, ont permis de récolter des données précieuses pour une première analyse auprès de dix clubs pilotes.
Les résultats ont révélé des impacts significatifs : 63 % des répondants ont constaté une amélioration de leur santé mentale, 96 % ont créé des liens sociaux, et 90 % se disent fiers d'appartenir à un club. Ces chiffres soulignent l'importance du badminton dans la promotion du bien-être et de la cohésion sociale.
Après cette première phase, une seconde enquête a été lancée, impliquant neuf autres clubs pour affiner et tester les indicateurs d’impact. Initialement, il a été difficile d’impliquer les clubs dans la démarche, mais la présentation des résultats a été révélatrice. Un club a témoigné que cela avait fédéré et redynamisé la gouvernance, redonnant de la cohésion. Un autre directeur de club a noté, grâce aux témoignages, le manque d'activités intergénérationnelles, conduisant à la création de cours le dimanche pour enfants et grands-parents. Un troisième exemple a montré que 50 % des participants se projettent dans une pratique sportive continue, soulignant une stratégie potentielle de fidélisation des licenciés.
Le badminton s’avère être un sport accessible, où les pratiquants peuvent rapidement obtenir des résultats, ce qui est gratifiant. La moyenne d’âge des nouveaux entrants est de 25 ans, et bien que cette moyenne soit relativement élevée, elle souligne la capacité du badminton à attirer des participants plus âgés.
Valorisation et communication des résultats
Les principaux leviers de cette stratégie incluent la santé, l’éducation et la citoyenneté, l’inclusion et l’éco-responsabilité, avec un accent particulier sur l’innovation sociale. "Il ne s’agit pas simplement de recenser les bonnes pratiques," souligne Murielle Chauvel, "mais bien de formaliser et d’implémenter un véritable projet de performance sociale (PPS)."
L’ultime phase de la mission, prévue pour juillet 2024, consistera à consolider les résultats des enquêtes et à travailler sur la monétisation de ces impacts sociaux. "Chaque indicateur d’impact sera valorisé monétairement," détaille Murielle Chauvel. "Nous pourrons ainsi donner une valeur sociale créée pour chaque euro investi dans la fédération et ses clubs"
La communication de ces résultats jouera un rôle crucial pour sensibiliser les nouveaux dirigeants de la FFBad et assurer la pérennité de cette démarche d’évaluation d’impact. L’objectif est de transformer cette initiative en une stratégie durable, intégrée au cœur de la gouvernance de la fédération.
Une fédération sportive engagée et innovante
Ce projet ambitieux vise à accompagner la fédération dans la conduite du changement, à développer une culture commune de l’impact social, à outiller sa gouvernance, et à mobiliser son écosystème de partenaires. En surmontant les défis actuels, notamment ceux posés par la crise sanitaire, la FFBad aspire à devenir la première fédération sportive à mission en France.
Grâce à l’expertise de l’ESSEC et à la détermination de la FFBad, cette évaluation d’impact social représente une avancée majeure pour le monde du sport. Elle démontre que le badminton peut être bien plus qu’un simple loisir : il est un vecteur de lien social, de bien-être et d’inclusion, contribuant ainsi activement à une société plus juste et solidaire.