« Et la Bobine d’or du meilleur court-métrage est attribuée à… » Ces mots ont une résonnance particulière lorsqu’ils sont prononcés par une réalisatrice qui a fait l’ouverture du 68e Festival de Cannes en 2015 avec son film La Tête haute. Emmanuelle Bercot, ainsi que le jury, ont choisi de récompenser Tout est permis, un film d’Anaïs Girard-Blanc. Au-delà du vainqueur, l’actrice- réalisatrice a apprécié la diversité des œuvres présentées : « La sélection était assez variée dans les styles des films et les thèmes abordés. Par ailleurs, il y a pas mal de réalisatrices, ce qui n’est pas toujours le cas, et de rôles féminins, ce qui n’est pas si courant. Il y avait une énergie de diversité et de féminité dans ces films. » Emmanuelle Bercot a apprécié cette expérience pour pouvoir se confronter à la jeune génération. « Participer à un jury est toujours un moyen de découvrir des films qu’on n’aurait pas vu hors de ce contexte. C’est la raison pour laquelle je le fais. Le court-métrage est toujours un terrain d’observation intéressant, car on est encore dans un cadre où on peut prendre des risques, expérimenter des choses et s’exprimer le plus innocemment possible, ce qui est plus difficile quand on entre dans l’industrie. »
L’association Ciné Qua Non, qui fête ses 40 ans cette année, organisait la 16e édition de ce festival dédié aux courts-métrages. Deux conditions pour participer : le réalisateur devait être âgé de moins de 30 ans et le film durer moins de 30 minutes. Après avoir reçu une soixantaine de candidatures, les 18 membres de l’équipe de Ciné Qua Non en ont sélectionnés 18. Ils ont été projetés tout au long de la journée du 18 avril sur le campus de l’ESSEC à Cergy. Le jury, composé de cinq personnes a ensuite fait sa sélection. Eric Bu, réalisateur, Régine Hatchondo, directrice de la création artistique au ministère de la Culture, Emmanuelle Bercot, actrice et réalisatrice, Jean-Michel Rey, producteur et distributeur, et Renaud Cohen, réalisateur et scénariste se sont entendus pour récompenser Anaïs Girard-Blanc.
Tout au long de l’année, Ciné Qua Non propose différentes activités autour du cinéma. L’association produit un court-métrage chaque année, organise des projections au sein de l’ESSEC ou en plein air, publie un journal de critiques de cinéma, et organise des cours de réalisation. Pour Emmanuelle Bercot, il est important que les étudiants continuent à cultiver le goût du 7e Art : « Nous sommes dans une période de mutation technique et il y a aujourd’hui des moyens de voir des films qui n’existaient pas avant. Je continue à croire que rien n’équivaut à voir un film sur un écran. En tant que cinéphile, je n’ai pas envie que la cinéphilie disparaisse et je suis sûre qu’il y a un vrai travail à faire auprès des enfants, mais aussi des étudiants pour les inciter à découvrir les films au cinéma, à voir les films de patrimoine, à ne pas lâcher cette expérience unique et sacrée de la salle collective et dans le noir. Je pense qu’il faut poursuivre assez activement cette ouverture et cette incitation, ce qui est très important, car si les cinéphiles disparaissent avec ma génération, cela va être triste. »