Tu as intégré l’ESSEC après 2 ans de classe préparatoire au Lycée Sainte Geneviève. Comment te souviens-tu de cette période ?
J’ai adoré. C’était dur, vraiment. Mais ce fut pour moi une expérience extrêmement structurante en termes de méthodologie, et cela m’a réellement appris comment aborder le travail. Les camarades que j’ai rencontré durant cette période sont devenus des amis pour la vie.
Quels aspects de tes années passées à l’ESSEC t’ont aidé à développer ta carrière ?
La première chose incroyable à l’ESSEC, c’est l’opportunité d’avoir un catalogue permettant de choisir ses cours. Le fait même de pouvoir se construire son propre parcours te différencie du gars en face de toi. D’un point de vue pédagogique, j’ai réellement apprécié avoir accès à un tel catalogue, et ne pas avoir un planning de cours qui s’imposait à moi.
La seconde expérience formatrice a été le système de mise de points afin d’obtenir les cours souhaités. Cela apprend vraiment à se responsabiliser, et à prendre en main son propre futur. Ce système ressemble à ce qui se passe vraiment dans la vie, lorsque tu dois faire des choix stratégiques d’allocation, définir les priorités et avoir des contraintes.
J’apprécie toujours de revenir sur le campus de l’ESSEC, dont je garde d’excellents souvenirs.
Tu as passé la première partie de ta carrière chez Procter & Gamble. Comment t’es-tu retrouvé à t’impliquer au sein de cette entreprise ?
C’est une histoire assez intéressante à vrai dire. J’étais dans le GH (Grand Hall) de l’ESSEC pendant une pause entre deux cours, et j’ai vu un stand P&G dont les représentants proposaient aux 50 meilleurs étudiants d’écoles de commerce européennes de participer à un séminaire sur la finance en Europe à Madrid. Alors j’ai posé ma candidature, comme 400 autres étudiants, alors qu’il n’y avait que 4 places pour la France. J’ai finalement été sélectionné pour participer à une journée de tests, d’entretiens et d’entrevues au siège de P&G. Je me souviens encore que je suis tombé amoureux de cette entreprise ce jour-là.
Je fus embauché par P&G, mais à l’époque (2001) ils n’avaient pas d’emploi disponible à Paris ou Genève. A la place, ils m’ont proposé un job dans une usine à Amiens. Les gens avaient tendance à refuser ce genre d’offres, mais j’ai décidé d’accepter ; ce fut l’un des meilleurs choix de ma vie. Ce fut extrêmement intéressant de travailler en usine, de comprendre peu à peu la complexité du processus industriel, de tenter d’optimiser les coûts et de maximiser le rendement de la chaine de production… J’ai fini par y passer 2 ans. J’ai rencontré à Amiens certaines des plus intelligentes personnes avec qui j’ai pu avoir l’opportunité de travailler.
Tu as grimpé les échelons au sein de P&G, jusqu’à devenir Manager du groupe financier, en charge de la plus importante unité commerciale en France. Pourquoi, alors que tu avais atteint un tel point, as-tu décidé de rejoindre le Boston Consulting Group ?
Après avoir travaillé 7 ans au sein de P&G, j’avais l’impression d’avoir vu de nombreuses choses durant ma carrière, mais toujours au sein de P&G. L’entreprise était si grande, et tout le monde était si concentré sur l’entreprise que je me suis dit que rester plus longtemps signifierait ne rien faire d’autre de ma vie.
Alors j’ai décidé de prendre un risque et de démissionner, afin de rejoindre le BCG comme consultant. Je n’étais même pas sur de ce qu’être un consultant signifiait, et je n’avais pas pris le temps d’apprendre une méthodologie particulière avant de changer d’emploi. Ce fut une expérience enrichissante, mais je me suis rapidement rendu compte qu’évoluer au sein d’un cabinet de conseil impliquait de se détacher progressivement du fond des projets, afin de seulement vendre ces derniers. Alors après 2 ans et demi, j’ai décidé de revenir à la finance.
Tu as rejoint Criteo en octobre 2013, juste au moment de son introduction en bourse. Pourquoi as-tu décidé de la rejoindre ?
J’avais passé presque 3 ans en tant que Chief Financial Officer chez Caudalie, lorsque l’offre de Criteo est tombée. C’était le genre d’opportunité que je ne pouvais refuser.
Mon premier poste au sein de Criteo (Directeur de l’analyse et de la planification financière) fut une combinaison de mes 3 expériences passées ; appliquer les compétences d’analyse et de stratégie acquises au BCG, innover dans un environnement en construction, créer et administrer quelque chose qui s’apprêtait tout juste à voir le jour…
Quel est, à ton sens, le facteur de réussite majeur de Criteo ?
La qualité des personnes qui y travaillent. Un ancien PDG aurait un jour dit, si je ne me trompe pas, « même si nous perdions notre marque, nos usines, nos bureaux, nous reconstruirions l’entreprise à partir de rien si il nous reste notre équipe ». La qualité du travail de l’équipe de Criteo, son engagement, et l’amour qu’ils ont pour leur entreprise est vraiment le principal facteur de réussite. Cela explique pourquoi nous proposons une technologie aussi intéressante, le merveilleux déroulement de nos ventes et autres opérations, et pourquoi nous réalisons tous les jours des miracles d’un point de vue financier, juridique et humain…
Quel serait ton conseil aux étudiants actuels de l’ESSEC qui souhaitent tirer le maximum de leurs études et progresser aussi vite que toi dans leur carrière ?
Le meilleur atout est la diversité des expériences. C’est grâce à ça que tu peux devenir un manager accompli. Quand les choses deviennent difficiles, si tu as la capacité de mobiliser une grande palette d’expériences, tu trouveras l’inspiration te permettant de résoudre les problèmes rencontrés. Je conseille aux étudiants de choisir des cours traitant d’autant de sujets que possible ; de choisir des stages dans des domaines radicalement différents, et dans des pays différents ; d’essayer et de faire des choses que personne n’a jamais faites. Sortez de votre zone de confort. Osez prendre des risques. N’ayez pas peur de faire des erreurs ; mais ne répétez jamais deux fois la même erreur. Voici un comportement de gagnant !
Je suis toujours ravi de donner des conseils de carrière à la nouvelle génération de talents. N’hésitez pas à me contacter sur LinkedIn !